Les canaux qui conduisent l’urine depuis sa fabrication dans le rein jusqu’à la vessie, présente une grande variation de calibre. En effet dans le rein se trouve un carrefour recevant plusieurs tuyaux (tiges calicielles) que l’on appelle le bassinet ou pyélon (racine grecque). Le diamètre de ce bassinet est variable mais est compris entre 10 et 20 mm dans sa forme habituelle. Il peut être plus large, distendu ou dilaté et atteindre des dimensions parfois de plus de 5 cm. Il lui fait suite, « à la sortie du rein », un tuyau, nommé uretère (20 cm de long environ) dont le calibre moyen ne dépasse guère 3 à 4 mm. Ainsi il existe une diminution brutale du diamètre de cette tuyauterie, encore appelée « arbre urinaire », bien que le « tronc » en serait bien mince.
Lorsque des calculs, ou débris de calculs s’engagent du bassinet vers l’uretère, le risque d’encombrement (embouteillage, empierrement …) de l’uretère est très important. Par ailleurs si un geste urologique (urétéroscopie) est réalisé en passant par l’uretère, une inflammation réactionnelle (œdème) peut se produire et entraîner une réduction très importante voire complète du calibre de l’uretère. Ainsi pour maintenir un flux urinaire constant et à basse pression il peut être nécessaire d’installer un tuyau à ‘intérieur de l’uretère pour maintenir un passage suffisant à l’écoulement de l’urine. Ces tuyaux sont fait en matière plastique compatible avec notre corps humain (bio-compatible), en général fait de polyuréthane au moins en grande partie, et parfois en silicone. Les urologues peuvent utiliser :
- soit des tuyaux tout droit qui vont du bassinet à l’extérieur (tuyau fixé à une sonde vésicale pour qu’il se maintienne en place) appelé sonde urétérale,
- soit des tuyaux présentant 2 boucles, une qui sera dans le bassinet et l’autre dans la vessie. Quand on regarde ce type de tuyau cela ressemble à 2 lettres J en majuscule bout à bout, d’où le nom de sonde double J. L’avantage est de ne pas nécessiter une fixation à une sonde vésicale (elle tient toute seule en place = autostatique) et de pouvoir être laissée en place plusieurs jours voire semaines.
Ainsi l’urologue peut effectuer un drainage de la voie excrétrice urinaire obstruée, ou susceptible d’être obstruée, par une sonde urétérale (courte durée : 24 à 48 heures) ou par une sonde double J. L’indication du drainage et le choix fait par l’urologue est expliqué au patient.
La particularité de la sonde double J est qu’elle ne se voit pas à l’extérieur. Il s’agit donc d’un dispositif médical implantable ou endoprothèse. Cependant cette endoprothèse n’est pas faite pour rester indéfiniment dans l’uretère et le patient. Selon la nature du matériau bio-compatible, la sonde double J peut rester sans changement, de 1 mois (polyuréthane simple), 6 mois (polymères associés) à 12 mois (silicone). Cependant, même avec les progrès de fabrication des polymères, et le traitement de leur surface (avec des produits limitant l’incrustation), il existe toujours des irrégularités de la surface des sondes JJ qui sont des « nids » pour que des cristaux puissent s’y déposer et y grossir pour former de vrais calculs sur le corps étranger qu’est la sonde double J.
Il s’en suit que la sonde double J, qui offre une excellente solution pour drainer le rein, présente un risque majeur d’incrustation, notamment chez les patients qui sont à risque de former des calculs. La mise en place d’une sonde double J chez ces patients (dits lithiasiques) impose une surveillance rapprochée (recherche d’infection, de calcification par contrôle radiologique), une durée d’implantation la plus courte possible et une information précise sur les risques. Une carte de porteur de sonde double J est conseillée.
Le risque d’incrustation est fortement majoré chez les patients lithiasiques multirécidivistes, comme par exemple les cystinuriques. Ainsi pour ces patients il est fortement conseiller de ne pas drainer avec une sonde double J ou sinon sur une période très bien programmée de 1 à 2 semaines maximum, et alors si possible avec une sonde double J siliconée pour laquelle le risque d’inscrustation est plus faible.